Encore une découverte scientifique majeure sur la chaine de l'évolution!
Une grenouille sans poumon qui respire par la peau a été trouvée dans une région reculée dans l'Indonésie, une découverte qui, ont indiqué des chercheurs jeudi, pourrait aider à mieux comprendre l'évolution de certaines espèces. La grenouille aquatique Barbourula kalimantanensis a été découverte lors d'une expédition dans la province de Kalimantan sur l'île de Bornéo lors d'une expédition menée en août 2007, a précisé David Bickford, biologiste de l'évolution à l'université nationale de Singapour.
M. Bickford, qui faisait partie de l'expédition et a co-rédigé un article sur la découverte publié dans la revue "Current Biology" cette semaine, précise qu'il s'agit de la première grenouille connue sans poumon, une caractéristique qu'elle partage notamment avec quelques espèces de salamandres.
"Cette grenouille est parmi les plus anciennes et bizarres que l'on puisse trouver", a-t-il souligné, à propos du batracien marron au yeux proéminents, qui a tendance à s'aplatir en glissant sur l'eau. Le biologiste indonésien Djoko Iskandar l'avait vue pour la première fois il y a 30 ans et la cherchait depuis. Cinq expéditions précédentes destinées à la trouver avaient échoué.
L'an dernier, les chercheurs se sont doutés que cette grenouille n'était pas tout à fait comme les autres quand le premier spécimen collecté est mort alors qu'il se trouvait dans un seau d'eau. Les restes de l'animal ont été étudiés en laboratoire.
"Nous suspections que cette grenouille avait quelque chose de particulier car elle est morte dans l'eau", explique Djoko Iskandar, professeur de biologie à l'Institut de technologie de Bandung. "Lors de la dissection, on a découvert qu'elle n'avait ni poumon, ni trachée."
Graeme Gillespie, des Zoos Victoria en Australie, qui a examiné huit spécimens mais n'a pas participé à l'expédition, estime que la grenouille est "unique sur le plan de l'évolution".
M. Bickford émet l'hypothèse que la grenouille a évolué pour s'adapter à un environnement difficile, où elle doit se déplacer dans des cours d'eau froids et s'écoulant rapidement, qui sont riches en oxygène. "C'est une adaptation extrême qui a probablement été provoquée par ces cours d'eau rapides." Selon le chercheur, la grenouille pourrait aider les scientifiques à comprendre des facteurs environnementaux qui contribuent à un "changement extrême sur le plan de l'évolution".
MM. Bickford et Gillepsie précisent qu'il est urgent de protéger l'écosystème aquatique où vit la grenouille, menacé par la pollution provenant de deux activités illégales: la déforestation et l'extraction de l'or. Mais pour l'animal, il est peut-être déjà trop tard. "Très bientôt, il disparaîtra de la rivière", prédit David Bickford.