Mi Poisson, mi Homme, mi Dieu!
Dés le printemps, l’appel de la mer devient chant de sirène, mon corps fatigué par le long hiver humide et triste, tressaille quand la brise du matin force la serrure de mes sens et libère mon être…je sors…les chauds rayons de soleils me brûlent les yeux…je suis sous hypnose…j’essaye de résister…le travail m’attend…les animaux attendent leurs sauveur…en vain…je suis déjà au bord de l’eau…une dernière hésitation, un dernier recul pour éviter le dernier soupir d’une vague qui vient mourir sur ma plage après avoir parcourue toute la méditerranée…rien à faire…je suis déjà dans l’eau…je fond dans cette immensité aquatique…j’aime la mer…j’ai toujours aimé la mer…dans l’eau je deviens dauphin, poisson, méduse…dans le l’eau je deviens bulle, molécule, infini… !
je suis sous l’eau…le silence…un silence particulier…un silence qui parle…un silence qui chante… je descend en brasse vers le non fond…j’ouvre les yeux…l’eau froide me brûle les yeux tel des milliers de micro piques qui viennent s’implanter dans mes cornées…ça fait mal…j’aime ça…je rince cent jours d’hiver, je rince six mois d’obscurité…je touche le fond…tel un sous marin qui échoue à 20000 lieu sous la mer…j’aime le contact du sable du fond…j’avance sans perdre le contact tel une raie manta qui survole son territoire…j’exulte… !
petit à petit je perds mes nageoires puis mes écailles puis mon âme aquatique…je retrouve mes pieds puis mes bras puis mon esprit d’humain…c’est alors que je songe à respirer…j’avais oublier…je me laisse soulever par des milliers de bulles…je me laisse remonter vers la surface lointaine…frontière entre deux mondes…le silence et le bruit…l’eau et l’air…la pureté et la pollution, la paix intérieure et le stress quotidien…mon visage transperce la quiétude de la surface et des remous se créent tout autour de mon corps…j’ouvre grand mes narines et j’aspire un grand coup d’air marin qui s’engoufre au fin fond de mes sacs alvéolaires…détruisant au passage toutes les impuretés accumulées pendant l’hiver…je me sens revigoré…je me sens renaître…je ne peux contenir un cri…un cri inhumain…un cri surnaturel…un cri qui jailli du fin fond de mes entrailles…un cri de naissance…un cri de défi…Le cri du Triomphe !
j’avance vers la plage…le soleil obscurcissant mon regard…je sors de l’eau glacial…mes pieds retrouvent la chaleur accueillante du sable blanc…je m’assoie en face de l’étendue bleu…les rayons de soleil taquinent les gouttes d’eau qui perlent encore sur mon corps… un large sourire couvrant mon visage…je frémi de plaisir…je suis vivant…merci Dieu !
P.S : c’étais un premier mai au paradis !