Envie d'écriture...
Une envie soudaine d’écriture me prend, minuit passée, je me lève, j’allume le portable et je commence a taper…mais taper quoi ? je n’ai aucune idée sur ce je veux ou ce que j’ai envi d’écrire…alors pourquoi écrire ?
J’ignore ce genre d’autoréflexions inutiles…je continue à taper…un film français comme fond sonore…les répliques du film m’empêchent de me concentrer, je prend la télécommande d’une main et je continue a taper de l’autre de toute façon je tape comme j’écris, c'est-à-dire comme un pied…je cherche la chaîne mezzo, j’avais envi d’écouter du jazz…oui mon âme est jazzy ce soir…je cherche la chaîne…c’est incroyable on dirait qu’il y’a que du sexe la nuit à la télé, toutes les petites chaînes italiennes régionales qui passent en boucle les annonces érotiques des call girls…oui adolescent je regardai ça…parfois je passe la nuit à chercher a capter le signal…j’aimai le vent de mer que tout le monde détestai…c’est humide, lourd, sirocco et une mer agitée mais moi j’aimai parce que ça renforce le signal et d’un coup mon monde télévisuel limité a la chaîne nationale la rai uno et plus tard France 2 se diversifie, une multitude de chaînes italiennes qui m’ouvrent la porte sur un monde et un pays imaginaire…un coup de fil.. J’émerge…un ange m’appelle…une invitation au paradis…ah le paradis, j’en parle toujours mais je le verrai jamais, je crois que je suis bon pour l’enfer…mais quel enfer, il y’en a tellement…j’augmente le volume, le batteur entre en trans.…la salle s’enflamme, les autres musicos le soutiennent…les sons me bercent, je suis emporté, je tape les touches comme si je claquai des doigts, je suis emporté par le rythme…je zappe, au diable l’enfer, au diable les enfers, à moi la vie à moi le paradis…je suis fatigué ce soir, mes mains engourdies, j’ai eu des interventions pénibles en quelques heures, j’ai vu l’espoir devenir désespoir et le désespoir redevenir espoir…j’ai vu la vie redonner la mort et la mort redonner la vie, j’ai vu l’amour redonner la vie, j’ai vu le souffle qui quitte le corps et j’ai vu le corps qui tire son premier souffle…j’ai navigué dans un océan de boue j’ai traversé des cratères lunaires, j’ai cru ne pas atteindre mon but…il fallait faire vite…il faut toujours faire vite…j’avais atteint mes limites, les limites que mon corps autorisait…, je recule je reprend mon souffle, je m’écroule impuissant, mes mains ensanglantés…c’est impossible…je n’y parviendrai jamais…c’est impossible ce n’est qu’une cause perdue…j’avais faim, j’avais soif, je n’avais rien mangé de la journée…mon visage était blanc comme le blanc ensanglanté de ma blouse, l’odeur fœtale me crève les narines…c’est réjouissant, je crois que j’ai gardé intact mon instinct animal…je lève les yeux et je croise des regards inquiets…je baisse les yeux et je croise un autre regard inquiet, mais celui la était différent, celui la me suppliait…la chaleur me prend, la sueur perle sur tout mon corps, j’arrache mon pull, je me laisse envahir par l’adrénaline, je suis quelqu’un d’obstiné et je lâche jamais le morceau, je me découvre une force incroyable, je pénètre, je pousse… je pousse…ça pousse…ça résiste …ça résiste encore mais ça fini par céder, l’espoir me prend, l’espoir jailli de mes entrailles, vas’y, laisse toi faire, aide moi, dieu…je pousse un cri..j’ai réussi…enfanter la mort est tres pénible…mais enfanter la vie après la mort est indescriptible…il faut toujours y croire, jusqu’au bout, jusqu’aux dernières limites, jusqu’au dernier souffle, il faut être obstiné et ne jamais baisser les bras !
L’émission de jazz s’achève, une violoniste classique me rejoint pour m’accompagner dans mes dernières lignes… un éclair me plonge dans le noir, le vent gronde et la pluie s’acharne sur la terre, une pluie sadique qui trouve un plaisir de bombarder le sol une telle violence que j’ai l’impression que le sol va céder, c’est étrange comme le bruit de cette pluie me berce, morphé soigneusement caché dans nuage me lance son filet, je me débat, je résiste et je fini par me laisser aller…