SALAUDS au COEUR TENDRE
Salauds au coeur tendre par François Cavanna
Écoutez. Le tuer, j’ai pas le cœur. Alors, je vous l’amène. Vous, vous les tuez pas. Vous les sauvez. Un refuge, c’est fait pour ça, pour les sauver. Alors bon, le voilà ! C’est à prendre ou à laisser. Si vous en voulez pas, j’irai le perdre dans les bois. Je l’attacherai à un arbre, pour ne pas qu’il me coure derrière, vous savez comment ils sont, paraît qu’il y en a qui ont retrouvé leur maison après des centaines de kilomètres, alors vaut mieux l’attacher et puis se sauver, pas l’entendre crier, c’est trop triste, on n’est pas des bêtes. Bon, vous le prenez, ou vous le prenez pas ? Faut vous décider, j’ai pas que ça à faire, on n’a pas encore fini les bagages.
Évidemment, il ou elle le prend. Quoi faire d’autre ? Le bon salaud le sait bien. Quand on gère un refuge pour animaux, c’est qu’on a le cœur tendre, qu’on ne peut absolument pas supporter l’idée qu’une bête souffre, soit abandonnée, perdue, vouée à la piqûre, fatale, ou pis, aux pourvoyeurs des laboratoires. Les pseudos-amis des bêtes qui, lorsque le chien ne veut plus chasser, ou bien est devenu trop vieux, ou bien a osé donner un coup de dent au sale môme qui le harcèle, ou lorsque le mignon chaton offert pour Noël est devenu au 14 juillet, un gros matou qui a son caractère et ne veut plus jouer les nounours en peluche, ou encore lorsque “ces gentils compagnons” se mettent à être malades et coûtent “les yeux de la tête” en visites au véto, ces salopards délicats qui décident de les supprimer mais n’ont pas le courage de faire le vilain geste qui tue vont les déposer à la porte du refuge (variantes : ils les jettent par-dessus le grillage, ils enferment dans une boite en carton la chatte miaulante et ses petits...) comme on déposait jadis les nouveaux nés non désirés à la porte des couvents.
Fonder un refuge pour animaux est la pire façon de s’empoisonner la vie. Non seulement cela ne peut pas rapporter d’argent (les abandonneurs ne laissent jamais de quoi acheter un peu de bouffe, cela ne leur vient même pas à l’idée), mais c’est un gouffre financier. Fonder un refuge ne peut être qu’une action bénévole et précaire, un élan de révolte contre l’indifférence générale devant l’omniprésence de la misère animale. C’est le fait d’âmes sensibles qui mettent sur le même plan toute souffrance, toute angoisse, humaine ou non humaine. La plupart du temps, dans le cas des petits refuges, il s’agit de gens à faibles ressources qui s’épuisent à mener un combat sans fin comme sans espoir, mais qui ne pourraient pas ne pas le mener. Ils sont parfois aidés par de maigres subventions (dans le meilleur des cas), par la générosité de quelques adhérents, mais en général abandonnés à leurs seules ressources personnelles.
Un refuge est vite submergé. Là comme ailleurs, la mode imposée par les éleveurs et la publicité des fabricants d’aliments ont stimulé une frénésie d’achat dont les conséquences sont la versatilité du public et la cupidité des éleveurs et des marchands. La “rentabilité” exige qu’une femelle d’une race “vendeuse” ponde et ponde jusqu’à en crever. On achète par caprice, le caprice passé on est bien emmerdé, et comme on n’est pas des tueurs on se débarrasse, au plus proche refuge. Et là, c’est le chantage cynique de tout à l’heure : “Vous le prenez ou je vais le perdre”. C’est exactement le coup de l’otage à qui le malfrat a mis le couteau sur la carotide : “Vous me la donnez la caisse ou je l’égorge.”
On ne sait pas assez, même chez ceux qui considèrent l’animal comme un être vivant et souffrant à part entière (je n’aime pas dire “amis des bêtes”), quelle terrible et décourageante corvée est la gestion d’un refuge quand on dispose de peu de moyens. Pour un animal placé à grand-peine, il en arrive dix, vingt, cent ! Cela vous dévore la vie, vous écrase sous une conviction d’inéluctable impuissance. Beaucoup de petits refuges de province luttent envers et contre tous, ignorés, méprisés, abandonnés à leurs seules ressources, et, cela va de soi, en butte aux sarcasmes des imbéciles et aux froncements de sourcils des vertueux qui jugent bien futile de s’occuper d’animaux alors qu’il y a tant de détresses humaines... Et quand l’apôtre qui a englouti sa vie dans un refuge meurt ou devient impotent, que deviennent les bêtes ? Pardi, l’euthanasie en masse par les services de l’hygiène publique, pas fâchés d’être débarrassés.
Savez-vous que, si vous possédez plus de 9 chiens, vous devenez de ce seul fait “refuge” et devez déclarer la chose à votre mairie et à la D.S.V. (Direction des Services Vétérinaires) ? A partir de là, vous serez soumis aux inspections d’usage concernant les règles d’hygiène, de sécurité, etc. En somme le bénévolat est pénalisé. Tout se passe comme si la seule voie “normale” était l’euthanasie systématique, le sauvetage étant considéré comme anormal, suspect et fortement découragé.
Il faut que l’animal cesse d’être considéré comme un objet, un bien “meuble” qu’on achète, qu’on vend, qu’on cède, avec à peine quelques restrictions concernant les “mauvais traitements”, d’ailleurs bien légèrement punis. Il faut que la survenue d’un animal dans un foyer soit aussi grave, aussi importante, aussi contraignante que la naissance d’un enfant. C’est le formidable et trop prévu nombre d’abandons liés aux départs en vacances qui m’a mordu au cul. Savez-vous qu’ils font la queue aux portes des refuges, les enfoirés, avant d’aller faire bronzer leurs gueules de sales cons ? “Avec la planche à voile sur le toit de la voiture” m’a-t-on confié. Que leurs têtes, à ces sous-merdes, volent haut dans l’air, propulsées par les pales tranchantes des hélices des hors-bord, pêle-mêle avec celles des toréadors et des aficionados !
PS : Vous qui les aimez, faites les STÉRILISER ! Les laisser proliférer est criminel : ce sont ces portées innombrables qui fournissent la matière première des vivisecteurs et condamnent les refuges au naufrage.
Commentaires
Je crois que ce texte assez violent résume bien la situation de ce qu'il se passe toute l'année mais surtout l'été en France.
Quand je pense à tout ce que peut nous apporter un animal je me demande comment on peut en arriver à abandonner son animal son aucune honte juste parce qu'il n'intéresse plus.
Quand j'ai acheté mes 2 lapins ils m'ont été vendu comme lapins nains ( le vrai lapin nain de pesant pas plus de 1 kilo pour les oreilles droites et 1,6 kg pour le bélier ). Nono pèse 4,5 kg et Douchka 2,4 kg. Alors au départ c'était une belle arnaque concernant la race mais quel bonheur de pouvoir papouiller deux gros loulous qui en plus m'ont fait découvrir la passion des gros lapins.
Noah aurait été acheté par d'autres personnes, je doute qu'à 4,5 kilos il ait fait le bonheur de beaucoup de personnes qui recherchent à tout prix la miniature. De plus avec tous ses problèmes de santé qui coutent une fortune en frais véto à mon avis y'a longtemps qu'il aurait été balancé le long d'une route ou perdu dans un bois.
Pour Douchka, 3 ans et demi qu'elle vit avec nous et impossible de la caresser, très indépendante. Le caractère typique du lapin qui finit abandonné car on ne peut pas jouer avec lui. Alors biensûr c'est frustrant de ne pas pouvoir avoir beaucoup de contacts avec son animal mais je la respecte. Pas envie de l'attraper de force, de la voir apeurée et halletante parce ce pas à l'aise. Du moment qu'elle se sent bien avec Noah.
Pourquoi salauds au coeur tendre ? Salauds tout court est plus approprié. De toute façon ils le paieront tôt au tard. La vie s'en chargera.
C'était le titre complet de l'article Monique. En tout cas je ne sais pas si la vie se chargera de faire payer ces salauds mais une chose est sûre pas beaucoup de répression contre les abandons et les maltraitances.
Salauds pour l'acte d'abandon et au coeur tendre dit ironiquement car les salauds dont il est question laissent quand même l'animal dans un refuge.
>monique : coeur de salaud oui!
mais parfois les gens qui n'ont jamais eu d'animaux ne savent pas la taille de la respnsabilité et les animaux payent le prix de leur ignorance!
Je trouve abbérant le fait de se rendre compte après achat ou adoption de la charge que représente un animal qu'il soit petit ou gros.
Si les gens ne sont pas capables d'imaginer un instant que oui un animal ça demande du temps, de l'entretien et que ça peut couter cher en frais véto alors qu'ils achètent une peluche.
Je suis toujours sidérée de voir que sur certains grands forums la rubrique des animaux fasse partie de la catégorie " loisirs ". Non pour moi un animal n'est pas un jouet.
Oui j'avoue que je me prive de beaucoup de choses parce que Nono me coute un fric monstre en frais vétérinaires mais jamais il ne me viendrait à l'idée de m'en prendre à lui. Je l''ai choisi, il est comme il est, je l'aime et je l'assume.
Bravo Lili pour ces commentaires. Moi aussi je suis dans le meme cas, j'ai 2 gros lapins, Blackberry et Twiglett, tous les 2 malades. Je paye egalement tres cher en veterinaire mais je suis remboursee car j'ai pris une assurance pour les 2. Je ne sais pas si ca se fait beaucoup en France. J'habite en Angleterre et ici c'est courant. Je les ai recuperes dans un refuge l'annee derniere. Ils etaient deja adultes et malades et personne n'en voulait. Ca fait maintenant un an que je partage mon appartement (plus patio) avec eux et je ne m'en separerais pour rien au monde. Si tu veux, ecris moi: isabellerineau@hotmail.com ce serait vraiment sympa d'echanger nos experiences!
Sinon, moi aussi, les abandons d'animaux ca me degoute. Tous ces gens devraient avoir honte. Si seulement le remord pouvait au moins leur gacher leurs vacances...
bievenue sur mon blog isabelle! les gens qui éllévent les lapins sont peu nombreux pourtant ce sont des animaux extrmement affectueux et intelligents!
si t'as des questions de santé tu peux me les poser sur hotline vétérinaire ! et je te réponderai avec plaisir!
Merci beaucoup Adib. C'est vraiment sympa de proposer ces conseils veterinaires. Meme si souvent il faut quand meme amener son animal pour le faire examiner, c'est bien d'avoir deja une idee, ou meme un avis supplementaire surtout que les cas de maladies ne sont pas toujours evidents! Meme dans la clinique veterinaire ou je vais pour mes lapins les vetos ont des avis differents!
Donc a bientot sur hotline veterinaire!